- Pour populariser la pratique de la déambulation : marcher comme un but en soi
- Pour stimuler l’imagination et la prospective : devenir acteur en marchant
- Pour s’intéresser à tout type de territoire : marcher partout
- Pour provoquer des échanges et des discussions : susciter le débat
- MARCHER COMME UN BUT EN SOI
Nous marchons tous les jours, de manière automatique, sans réfléchir à nos gestes et bien souvent, sans même avoir conscience des espaces que nous traversons. Oubliant qu’il est né nomade, l’homme a fait de la marche un moyen de locomotion comme un autre, et sous-exploite largement ses potentiels.
Marcher, c’est d’abord prendre son temps, à l’époque de l’instantané et du temps réel. C’est la possibilité d’errer, de déambuler, d’agir sans but, sans rechercher ni performance, ni rentabilité. C’est renouer avec une certaine forme de liberté.
Parcourir un territoire, qu’il soit choisi ou aléatoire, c’est aussi et tout simplement lui prêter attention, arrêter son regard, en faire un objet d’interprétation et de débat. C’est l’opportunité de saisir la complexité, la richesse des espaces qui nous entourent et que l’on ne voit plus à force de les traverser.
Marcher, c’est être en contact physique et direct avec le monde, c’est saisir par les sens ce qui est sous nos pieds, dans l’air, ce que véhiculent un son, une odeur, une texture.
Marcher c’est enfin la possibilité d’aller à travers champs, de sortir des sentiers battus et d’échapper aux grands axes préconstruits qui structurent notre quotidien. C’est s’ouvrir à la découverte et à l’inattendu, à des milliards de recoins encore inexplorés, et savoir se réjouir coûte que coûte de nouvelles trouvailles.
- DEVENIR ACTEUR EN MARCHANT
Marcher, c’est déplacer son corps pour déplacer son regard, se poser des questions de fond, se réinventer. S’ouvrir à un espace inconnu, c’est accepter de bousculer ses repères établis, ses réflexes et ses idées toutes faites : activer ses pieds pour activer l’imagination.
Marcher c’est aussi, le temps d’une promenade, s’approprier collectivement un territoire : détecter et faire siens ses enjeux, révéler sa richesse et ses potentiels, s’en réclamer des droits, en proclamer le caractère public. C’est prendre conscience des mutations qui se profilent, et toucher du pied la réalité pour sortir d’un rôle passif de consommateur de la ville.
Les Explonautes deviennent également des acteurs lorsque leurs pas commencent à tisser des liens entre des territoires fragmentés, et dessinent des trajectoires nouvelles entre des quartiers habitués à se tourner le dos…
- MARCHER PARTOUT !
Tout territoire est digne d’attention. Les explos proposent d’arpenter tout type d’espaces, y compris ceux qui ne sont pas destinés à la marche, au contraire. Elles sont une invitation à s’attarder, entre autres, dans des lieux de passage, des endroits désagréables, des interstices, des « non-lieux », car eux aussi sont des révélateurs de notre société.
Marcher permet également d’appréhender des grandeurs d’échelles et des enchevêtrements d’espaces improbables.
Marcher la métropole, c’est faire vivre et questionner cette notion, qui renvoie à un périmètre administratif et politique précis, mais reste jusqu’à présent imperméable aux habitudes et représentations citoyennes. C’est ancrer la ville dans une pratique, un récit que chacun peut poursuivre.
- SUSCITER LE DÉBAT
Les explos provoquent la rencontre de citoyens de l’agglomération nantaise qui portent un intérêt à la transformation de leur territoire de vie. La marche est un événement social, qui met physiquement en présence des personnalités diverses, des générations différentes, des spécialistes et des curieux.
Les explos s’ouvrent à toute forme de connaissance du territoire, sans faire primer le regard de l’expert. Tout regard est enrichissant, en ce qu’il permet de déporter son propre point de vue pour embrasser celui des autres, plonger dans des détails jusqu’à présent occultés, saisir des enjeux ignorés…
Les explos sont un débat dans le débat, une forme différente et complémentaire des réunions publiques et autres dispositifs participatifs : un temps où chacun se confronte à une même réalité, échange autour d’une même expérience, sur un pied d’égalité. Un temps aussi pour réintroduire du sensible, du vécu, du ressenti dans les échanges, quitte à contrecarrer les « chiffres » et les « faits » qui abondent notre quotidien.
Tous ces objectifs rejoignent l’enjeu clé des explos : s’approprier un territoire et en construire une représentation partagée, sur la base d’une expérience humaine et empirique.